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france culture « Toute une vie » : « Natalia Ginzburg (1916–1991), tous les autres sont des hommes »

Tra­duc­trice, éditrice, roman­cière, nou­vel­liste et dra­maturge, Natalia Ginzburg a lais­sé un gigan­tesque sou­venir lit­téraire et poli­tique de l’I­tal­ie antifas­ciste, preuve intime et his­torique d’un monde dis­paru ren­du éter­nel.

Avec

  • Pao­la Agosti Pho­tographe, fille de Gior­gio Agosti qui dirigea le Par­ti­to d’Azione, groupe de résis­tance au nazisme à Turin
  • Mari­no Sini­bal­di Homme de radio à la Rai Tre (télévi­sion publique ital­i­enne)
  • Wal­ter Bar­beris Ancien salarié de la mai­son d’édition Ein­au­di à Turin
  • Isabel­la Chec­ca­lig­ni Éditrice, créa­trice des édi­tions Ypsilon à Paris
  • Geneviève Brisac Nor­mali­enne, agrégée de let­tres, éditrice et écrivaine
  • Mar­tin Rueff Pro­fesseur de lit­téra­ture française à l’Université de Genève, tra­duc­teur de l’i­tal­ien, poète, philosophe

Quel est le des­tin des jeunes filles en fleurs de l’I­tal­ie fas­ciste ?
Tra­duc­trice de Proust, Mau­pas­sant ou Ver­cors, Natalia Ginzburg com­mence par con­ter les pince­ments au cœur et au corps de ses sœurs d’âmes.
La guerre est cette pli­ure à par­tir de laque­lle elle embrasse les des­tins des hommes autour d’elle. Son père, ses frères, son mari, ses amis.
Se faisant, Natalia Ginzburg appa­raît, passeuse d’un monde éternisé grâce à elle, celui du quo­ti­di­en des intel­lectuels antifas­cistes turi­nois du début du siè­cle et dans la tour­mente du nazi-fas­cisme. Ils sont con­tés à tra­vers l’ex­péri­ence de sa présence au monde, à elle, fille, jeune femme, mère, amie, écrivaine, com­pagne de route de la mai­son d’édi­tion de Giulio Ein­au­di qu’ils ont créée ensem­ble et qu’ils ont fait grandir.

Lors de la remise du prix Stre­ga en 1963, le monde lit­téraire ital­ien fête un livre unique, mod­erne, sur­prenant tant il bifurque et vire­volte à tra­vers le des­tin de la famille de son autrice. Son titre : Lessi­co famigliare / Les mots de la tribu. On le dit poly­tech­nique, on par­le d’intelligence phys­i­ologique, sont con­vo­qués non seule­ment les tech­niques d’écritures mais les sujets traités, au plus près des sen­sa­tions, qui s’élèvent immé­di­ate­ment à des con­clu­sions par­fois absur­des, par­fois géniales des per­son­nages : Lidia, protes­tante et Giuseppe, juif tri­estin pro­fesseur d’anatomie, les par­ents de la jeune Natalia, Gino, Alber­to et Pao­la ses frères et sa sœur, Cesare Pavese, Ita­lo Calvi­no, et tous les autres… Et au milieu d’eux, à une place invis­i­ble et dans son regard prég­nant, il y a Natalia, appelée du nom de l’héroïne de Guerre et Paix de Tol­stoï. Un des­tin déjà à la fois lit­téraire et cer­taine­ment à con­quérir, en s’affranchissant dans la lit­téra­ture de toutes les places assignées. Natalia garde le nom de son mari mort assas­s­iné par les nazis pen­dant la guerre, Leone Ginzburg, juif d’Odessa, Ital­ien, puis apa­tride. Elle fait de ce patronyme un nom défini­tive­ment ital­ien, et entremêle les des­tins dans une œuvre où l’ab­sence de ceux que l’on aime est défiée par l’autre vie : Le sou­venir.

Lec­tures des textes de Natalia Ginzburg issus des recueils : La route qui mène à la ville (1942 sous le nom d’A­lessan­dra Torn­im­parte, 1945 sous son nom), Les mots de la tribu (1963), Les petites ver­tus (écrit entre 1943 et 1962) par Daniela de Felice et Angelique Cav­al­lari

Bib­li­ogra­phie sélec­tive

Natalia Ginzburg :

  • L’œu­vre de Natalia Ginzburg, en français, est pub­liée aux édi­tions Liana LeviYpsilon et Gras­set
  • Ne me demande jamais est prévu à la pub­li­ca­tion aux édi­tions Ypsilon dans la tra­duc­tion de Muriel Morel­li, courant 2024

Autres auteurs :

Sie kön­nen die Sendung, die am 3.6.2023 veröf­fentlicht wurde, über die Seite des Pod­casts nach­hören oder als Audio­datei herun­ter­laden.

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